Le projet de relier l’Europe à l’Afrique par un tunnel sous-marin sous le détroit de Gibraltar refait surface dans un contexte de rapprochement diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Cette idée ambitieuse, qui date de plusieurs décennies, pourrait voir le jour grâce à l’engagement renouvelé des deux pays, visant à rapprocher les deux continents de manière inédite.
Un projet ressuscité après des décennies d’attente
L’idée de créer un lien physique entre l’Espagne et le Maroc n’est pas nouvelle. Dès la fin des années 1980, les deux pays avaient signé un accord pour construire un pont au-dessus du détroit. Mais cette vision s’est transformée en un projet de tunnel ferroviaire sous-marin dans les années 1990. Après de nombreux ralentissements, l’ambitieux projet revient à l’ordre du jour. En été 2024, Óscar Puente, ministre espagnol des Transports, a annoncé des discussions à venir entre entreprises espagnoles et marocaines pour avancer sur les études techniques du projet.
Un tunnel sous-marin aux défis techniques sans précédent
Le tunnel envisagé serait une prouesse technologique impressionnante. Sur une longueur totale de 38,5 kilomètres, 28 kilomètres passeraient sous la mer, reliant Malabata, près de Tanger au Maroc, à Punta Paloma en Espagne. Avec une profondeur d’environ 100 mètres, le tunnel permettrait de traverser le détroit en seulement 30 minutes.
Le projet comprend deux tunnels ferroviaires parallèles ainsi qu’une galerie de service et de secours. Malgré les défis géologiques liés à la convergence des plaques tectoniques eurasiatique et africaine, les ingénieurs restent confiants. Selon Rafael García-Monge, expert impliqué depuis des années, les caractéristiques sismiques de la zone ne représentent pas un obstacle majeur, les microséismes étant les seuls phénomènes observés.
Des retombées économiques et stratégiques colossales
Le coût estimé du projet a doublé en 30 ans, atteignant aujourd’hui environ 26 milliards d’euros, reflétant la complexité croissante de l’ouvrage. Mais ce tunnel sous-marin représente bien plus qu’une infrastructure de transport. Il serait également une opportunité d’intégrer des technologies pour les communications, la production d’énergie, et l’interconnexion électrique entre les deux pays, générant ainsi des ressources financières pour assurer la viabilité à long terme de l’infrastructure.
Les bénéfices seraient vastes : cette liaison fixe renforcerait les échanges économiques, faciliterait les déplacements, et consoliderait les relations entre l’Europe et l’Afrique. Le tunnel pourrait devenir un axe stratégique pour le développement de la région méditerranéenne occidentale.
Un contexte diplomatique propice à la réalisation du tunnel
Le projet se développe dans un climat diplomatique favorable, marqué par une « nouvelle ère » de relations entre l’Espagne et le Maroc. Depuis que l’Espagne a reconnu en 2022 le plan marocain concernant le Sahara occidental, un territoire au statut disputé, les deux nations ont resserré leurs liens et relancé plusieurs projets de coopération, dont celui du tunnel.
Ce projet ambitieux bénéficie également du soutien de nombreuses puissances internationales et institutions financières, telles que l’Union européenne, les États-Unis, la Chine, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement.
Cet appui international est un signal fort, démontrant l’importance stratégique de cette connexion entre l’Europe et l’Afrique.
Vers un avenir prometteur pour le tunnel sous-marin
Le gouvernement espagnol a récemment alloué un budget de 750 000 euros pour une étude de faisabilité, témoignant de son engagement envers la réalisation de ce tunnel. Le calendrier envisagé est ambitieux : les travaux devraient débuter d’ici 2030, avec l’objectif de rendre le tunnel opérationnel avant la Coupe du Monde de football de 2030, co-organisée par l’Espagne, le Portugal et le Maroc.
Au-delà des avantages économiques et pratiques, ce tunnel pourrait devenir un puissant symbole de rapprochement entre l’Europe et l’Afrique, facilitant non seulement les échanges commerciaux, mais aussi les échanges culturels. Ce projet visionnaire promet de transformer les relations entre les deux continents, ouvrant la voie à une coopération accrue et à un développement régional renforcé.