Au Maroc, l’anglais s’impose de plus en plus comme la langue de l’avenir, notamment auprès de la jeune génération. Ce glissement linguistique s’observe aussi bien dans les interactions quotidiennes que dans le milieu académique, où l’anglais supplante progressivement le français. Lors de sa visite, le président Emmanuel Macron est attendu dans un pays où l’anglais est en plein essor, et où de nombreux jeunes considèrent désormais cette langue comme essentielle à leur avenir.

Pourquoi l'anglais gagne du terrain sur le français au Maroc

L’anglais, une langue en plein essor dans les universités marocaines

À l’université Mohammed-V de Rabat, l’une des plus grandes universités publiques du Maroc, l’anglais prend une place de plus en plus importante, en particulier dans les filières scientifiques et économiques. Dans les couloirs de la faculté des sciences économiques, les étudiants se saluent en anglais et échangent naturellement dans cette langue. Reda, un étudiant de 20 ans, témoigne : « L’anglais est devenu ma deuxième langue. Je ne peux plus imaginer mon quotidien ni mon avenir sans elle. »

Il y a encore quelques années, seules des institutions privées comme l’université Al-Akhawayn d’Ifrane proposaient un enseignement entièrement en anglais. Aujourd’hui, même les universités publiques s’y mettent, offrant des programmes de formation en anglais, répondant ainsi à une demande croissante de la part des étudiants marocains.

Pourquoi les jeunes marocains préfèrent-ils l’anglais ?

Plusieurs raisons expliquent cet engouement pour l’anglais. Tout d’abord, l’anglais est perçu comme un atout sur le marché du travail, notamment pour les secteurs orientés vers l’international, tels que les technologies de l’information, les sciences et le commerce. La maîtrise de l’anglais ouvre les portes de nombreuses opportunités, tant au Maroc qu’à l’étranger, et de plus en plus de recruteurs considèrent cette langue comme un critère indispensable.

Ensuite, la culture anglo-saxonne, en particulier américaine, exerce une grande influence sur les jeunes. Les réseaux sociaux, les films, les séries et la musique anglophones sont omniprésents, ce qui pousse les jeunes à s’approprier l’anglais dans leur quotidien.

Le recul du français : un changement de paradigme

Si l’anglais progresse, le français perd du terrain. Historiquement, le français a toujours occupé une place importante au Maroc, héritage de la période coloniale et largement utilisé dans l’administration, l’enseignement supérieur et le monde des affaires. Cependant, les jeunes générations voient aujourd’hui l’anglais comme une langue plus « moderne » et « utile » que le français. Dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat et Marrakech, de nombreux jeunes préfèrent apprendre l’anglais dès le collège.

Le gouvernement marocain encourage également cette transition, en intégrant l’apprentissage de l’anglais dès le collège et en lançant des initiatives pour promouvoir son usage dans les écoles et les universités.

Un impact culturel et économique majeur

Le passage de la prédominance du français à celle de l’anglais a des conséquences profondes. Économiquement, cela pourrait favoriser les échanges avec des pays anglophones et attirer des investissements étrangers, en particulier des États-Unis et du Royaume-Uni. Culturellement, cette transition témoigne d’un désir de se détacher de l’influence francophone pour embrasser une identité plus globale et plus ouverte.

Vers une nouvelle identité linguistique

Le Maroc est en train de vivre une mutation linguistique majeure, marquée par le recul du français au profit de l’anglais. Ce changement est guidé par des impératifs économiques, culturels et éducatifs. L’anglais, désormais langue de l’enseignement supérieur et des affaires, se positionne comme un outil stratégique pour l’avenir des jeunes marocains. Cette transition pourrait transformer durablement le paysage linguistique du pays et redéfinir les relations entre le Maroc et les puissances francophones et anglophones.
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