La planète dépasse aujourd’hui la sixième limite planétaire : celle de l’eau douce. Considérée à tort comme une ressource inépuisable, l’eau est pourtant précieuse et en quantité limitée. Charlène Descollonges, ingénieure hydrologue et lanceuse d’alerte, plaide pour une nouvelle vision de notre rapport à l’eau et nous invite à préserver cet élément essentiel de la vie sur Terre.
Un cycle de l’eau mal compris et un usage démesuré
Avec seulement 1 % d’eau douce disponible pour l’ensemble du vivant, la répartition de l’eau sur Terre est bien plus limitée que l’on pourrait le croire. Le cycle de l’eau que l’on apprend à l’école ne prend pas en compte l’impact humain, notamment le changement climatique et la pollution, et ignore le rôle crucial de l’eau verte, responsable des pluies continentales. En modifiant nos sols, nos forêts, et nos écosystèmes, nous perturbons le régime des pluies et les interactions hydrologiques à l’échelle de vastes territoires.
Chaque année, l’humanité prélève environ 24 000 milliards de mètres cubes d’eau, influençant directement le cycle naturel. Une large part de cette empreinte hydrique provient de l’agriculture, notamment de la culture de fourrage pour le bétail. En France, l’empreinte eau quotidienne moyenne par personne est estimée à 5 000 à 11 000 litres, selon les méthodes de calcul. En modifiant la trajectoire de l’eau — en pompant les nappes souterraines, en détruisant les zones humides, et en artificialisant les sols — nous avons accéléré le grand cycle de l’eau, entraînant une multiplication des sécheresses, inondations et érosions.
Selon Diana Francis, l’une des responsables du projet, cette méthode offre des indications précieuses aux archéologues, permettant de cibler de nouvelles zones d’intérêt pour leurs futures excavations. Cette approche réduit considérablement le temps nécessaire pour identifier des sites archéologiques, rendant les fouilles plus rapides et plus efficaces.
L’hydrologie régénérative : une approche fondée sur la nature
Face à ces enjeux, Charlène Descollonges propose une approche novatrice : l’hydrologie régénérative, une des solutions fondées sur la nature pour mieux gérer l’eau. Son principe est simple : ralentir l’eau, favoriser son infiltration et densifier la végétation grâce au triptyque eau-sols-arbres. Il s’agit de restaurer les capacités naturelles de stockage et de régulation des bassins versants. En travaillant sur les sols, en appliquant des techniques d’agroforesterie, et en réhabilitant les zones humides, on peut améliorer la résilience des territoires face aux aléas climatiques.
Les leviers d’action à adopter
La transition vers une gestion plus durable de l’eau commence par l’action individuelle. Comprendre d’où vient et où va l’eau de notre quotidien est un premier pas. Il est également essentiel de réduire notre empreinte eau, notamment en adaptant notre alimentation : privilégier des produits locaux et biologiques, réduire la consommation de viande, et limiter notre hypermobilité. Les impacts positifs sur l’eau et les écosystèmes peuvent aussi être encouragés en s’engageant pour des projets de restauration et en adoptant un modèle de vie plus régénératif.
Un avenir à réinventer
Malgré une situation préoccupante, Charlène Descollonges reste optimiste quant à la capacité de l’humanité à s’adapter. « On assiste à un monde qui meurt, mais c’est très bien, car il va laisser la place à un autre monde, une autre manière de vivre », affirme-t-elle. La transition vers un futur plus résilient repose sur des actions collectives et une réappropriation de notre relation à l’eau. La jeune génération a un rôle crucial à jouer dans cette transition vers un avenir plus désirable, guidé par des dynamiques collectives et une volonté de préserver la vie sur Terre.